Sallatha Sutta (la flèche) : savoir distinguer douleur physique et souffrance ajoutée.

Sallatha Sutta (SN 36.6)

La flèche : Savoir distinguer douleur physique et souffrance ajoutée.

      Note : dans ce sutta, le Bouddha raconte l’histoire d’un homme qui reçoit une flèche et ressent de la douleur et de la colère parce qu’il a reçu cette flèche. Par conséquent, il ressent deux douleurs : une douleur physique et une douleur mentale. C’est comme si l’homme avait reçu une première flèche et immédiatement après une seconde flèche. Il éprouve la douleur de deux flèches.
      De la même façon, nous nous torturons quand nous n’acceptons pas ce qui arrive ou que nous n’acceptons pas les autres. La seconde flèche atteint un endroit déjà blessé par la première flèche, ce qui augmente la douleur car lorsque l’on est touché au même endroit c’est pire.

     – En fait, nous refusons tout simplement d’accepter la première flèche. Nous lançons nous-mêmes la seconde flèche.


      La rigidité par rapport à nos attentes engendre des désirs spécifiques et très précis. Nous désirons la réussite ou la reconnaissance, et nous nous torturons nous-mêmes. Nous nous créons des désirs et nous tentons de les réaliser. Mais il y aura inévitablement des échecs entraînant des tourments et de la peine.
      Ceci n’est pas accepter les circonstances avec sagesse, car au lieu de regarder ce qui nous arrive objectivement, nous remuons le couteau dans la plaie.

     – Nous ne savons pas comment faire face aux blessures. En fait, il faut simplement observer les faits, regarder la réalité et non pas nos désirs.


Le Bouddha complète son histoire au sujet des deux flèches en imaginant que la personne ne reçoit pas la seconde flèche. Elle est touchée par une flèche et ne ressent aucune tristesse ou colère, elle ne se lamente pas. Elle ne souffre que d’une douleur : la douleur physique et non mentale.

     – Tout ceci se réfère à l’acceptation. C’est voir les choses telles qu’elles sont, sans rejeter, condamner, réagir. C’est seulement en acceptant que nous pouvons agir utilement.


      L’acceptation n’est pas la passivité, c’est le point de départ de toute action sage. C’est comprendre que les choses sont comme ça, les reconnaître, ne pas se torturer à leur sujet, et de là, en tenant compte de la situation, l’action peut être juste. Nous pouvons agir efficacement et guérir notre souffrance et celle des autres. Nous ne rajoutons pas de la souffrance à celle qui existe déjà et nous laissons la paix se manifester.


« Moines, une personne ordinaire a des sensations de plaisir, des sensations de douleur et des sensations qui ne sont ni agréables ni désagréables. Le noble disciple bien entraîné connaît lui aussi des sensations de plaisir, des sensations de douleur et des sensations qui ne sont ni agréables ni désagréables. Alors, quelle différence, quelle distinction, quel signe distinctif y a-t-il entre le noble disciple bien entraîné et la personne ordinaire? »

« Pour nous, Vénérable, les enseignements ont pour origine, pour guide et pour arbitre l’Éveillé, le Bouddha lui-même. Il serait donc bien que vous nous expliquiez le sens de votre question. L’ayant entendu de la bouche de l’Éveillé lui-même, les moines s’en souviendront. »

« Dans ce cas, moines, écoutez attentivement ces paroles. »

« Nous écoutons attentivement, Vénérable. »

Le Bouddha dit alors: « Lorsqu’une personne ordinaire ressent une douleur physique, elle s’inquiète, s’attriste et se lamente; elle se frappe la poitrine, pleure et se désespère. Ainsi, elle ressent deux sortes de douleurs: l’une physique et l’autre mentale. C’est comme si un homme était blessé par une flèche et qu’on lui en lançait une seconde juste après; il sentirait la douleur de chacune des deux flèches reçues. De même, lorsqu’une personne ordinaire ressent une douleur physique, elle s’inquiète, s’attriste et se lamente; elle se frappe la poitrine, pleure et se désespère. Ainsi, elle ressent deux sortes de douleurs: l’une physique et l’autre mentale.

« Ressentant une douleur, la personne y résiste avec amertume. Du fait de cette résistance et de cette amertume, une tendance sous-jacente de résistance à la douleur physique remonte à la surface de son esprit. Sous l’effet de cette douleur, elle se tourne vers la recherche de plaisirs sensoriels. Pourquoi ? Parce qu’une personne ordinaire ne voit aucune échappatoire à la douleur en dehors des plaisirs des sens. Du fait qu’elle recherche le bonheur dans les plaisirs sensoriels, une tendance sous-jacente d’avidité pour les sensations agréables remonte à la surface de son esprit. Elle n’a pas connaissance de la réalité ; elle ne sait pas que toutes les sensations agréables apparaissent puis disparaissent, qu’elles sont aussi attirantes que dangereuses et qu’il est difficile d’y échapper. N’ayant pas cette connaissance, une tendance sous-jacente à l’ignorance des sensations neutres remonte à la surface de son esprit. Qu’elle ressente du plaisir, de la douleur ou une sensation neutre, cette personne est comme enchaînée par ses ressentis, elle s’y identifie complètement. Voilà pourquoi il est dit que c’est une personne ordinaire, quelqu’un qui est piégé par la naissance, le vieillissement et la mort, par le chagrin, les lamentations, la douleur, la tristesse et le désespoir. Quelqu’un qui est enchaîné par la souffrance.

« Par contre, moines, lorsque le noble disciple bien entraîné ressent une douleur physique, il ne s’inquiète pas, ne s’attriste pas, ne se lamente pas; il ne se frappe pas la poitrine, ne pleure pas et ne désespère pas non plus. Il ne ressent qu’une seule sorte de douleur : une douleur physique, pas une douleur mentale. C’est comme si un homme était blessé par une flèche et n’en recevait pas une seconde juste après; il percevrait la sensation causée par une seule flèche. De même, lorsqu’un noble disciple bien entraîné ressent une douleur physique, il ne s’inquiète pas, ne s’attriste pas, ne se lamente pas; il ne se frappe pas la poitrine, ne pleure pas et ne désespère pas non plus. Il ne ressent qu’une seule sorte de douleur: une douleur physique.

« Conscient de cette sensation douloureuse, il n’y résiste avec amertume. De ce fait, aucune tendance sous-jacente de résistance à la douleur physique ne remonte à la surface de son esprit. Sous l’effet de cette douleur, il ne se tourne pas vers la recherche du plaisir sensoriel. Pourquoi? Parce qu’un noble disciple bien entraîné sait que l’on peut échapper à la douleur autrement que par le plaisir des sens. Du fait qu’il ne recherche pas le bonheur dans les plaisirs sensoriels, aucune tendance sous-jacente d’avidité pour les sensations agréables ne remonte à la surface de son esprit. Il a connaissance de la réalité; il sait que toutes les sensations agréables apparaissent puis disparaissent, qu’elles sont aussi attirantes que dangereuses et qu’il est difficile d’y échapper. Ayant cette connaissance, aucune tendance sous-jacente à l’ignorance des sensations neutres ne remonte à la surface de son esprit. En ressentant du plaisir, de la douleur ou une sensation neutre, il n’est aucunement enchaîné par ses ressentis, il ne s’y identifie absolument pas. Voilà pourquoi il est dit que c’est un noble disciple bien entraîné, quelqu’un qui n’est pas piégé par la naissance, le vieillissement et la mort, par le chagrin, les lamentations, la douleur, la tristesse ou le désespoir. Quelqu’un qui n’est pas enchaîné par la souffrance.

« Moines, voilà quelle est la différence, la distinction, le signe distinctif entre le noble disciple bien entraîné et une personne ordinaire. Le sage qui a pleinement réalisé le Dhamma n’est pas charmé par les objets désirables selon les critères du monde et les situations non désirables selon les critères du monde n’éveillent en lui aucune résistance. Désir et aversion n’existent plus en lui. Il a atteint l’autre rive. »

source : vipassanasangha
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